Énergie verte, consommation responsable : les leçons d’Ungersheim, village modèle
En faisant de l’écologie au quotidien, ce village écologique alsacien vit déjà au rythme de l’après-pétrole.
Envie de reprendre un commerce de village ? Le choix ne manque pas. Plus de 15.000 villes et villages en France seraient totalement désertés par les commerces. Ce qui signifie concrètement qu’il n’y a pas de boulangeries, d’épiceries, de bars tabac, de banques, d’agences postales, de stations-service. Ce nombre atteint même 20.000 si l’on compte celles qui ne proposent qu’un seul commerce de village. Autant dire que la majorité des 36.000 communes recensées en France sont concernées par la disparition progressive des commerces ruraux et services publics, ce qui contribue à alimenter le transfert de la population vers les villes mieux dotées.
Ce constat n’est pas neuf. Et il est même au centre du concept SOS Villages, une opération lancée par TF1 en 1997, dans le but d’aider ceux qui souhaitent reprendre un commerce de village. Déjà à l’époque « Jean-Pierre Pernaut constatait, avec les différents correspondants régionaux, la multiplication des fermetures de commerces de village. Au journal, nous recevions des courriers qui faisaient état des situations de fermeture, mais aussi des demandes de reprise » explique Dominique Lagrou Sempere, journaliste en charge de SOS Villages.
Au cours des années 2000, SOS Villages a été relancé, et le développement d’internet a permis de passer à la vitesse supérieure. Avec la création d’un site dédié (www.sosvillages.fr), les commerçants ou les mairies peuvent déposer des annonces (gratuitement) qui peuvent être consultés par des repreneurs désireux de s’installer à la campagne.
Au-delà de l’aspect entrepreneurial, la transmission réussie d’un commerce permet de redonner vie à un village. A Luzillé (voir encadré) en Indre et Loire, le bar hôtel restaurant du Mail a ainsi été repris il y a peu. Ses nouveaux propriétaires, Rémy et Sabrina Bertault, ont pris la suite de Sylviane et Jacques Lévêque pour qui l’heure de la retraite a sonné après plus de trente ans de bons et loyaux services. L’arrivée de ce couple dynamique a levé un vent d’espoir dans la commune, qui avait vu coup sur coup ses différentes commerces baisser le rideau en quelques mois. De quoi soulager les anciens patrons, emplis d’émotion à l’idée que « leur » commerce rural continue son chemin. Car derrière les enseignes, ce sont autant d’histoires, souvent familiales et locales que l’on dénombre. « Cela aurait été triste le village sans le Mail » réagissait ainsi une habituée.
« À mi-octobre, nous avons 5949 annonces publiées. C’est beaucoup, mais pour nous ce n’est pas vraiment une victoire » souligne Dominique Lagrou Sempere. Car ce chiffre est un marqueur de l’ampleur de la désertification. Pour faciliter la reprise des commerces de villages, les mairies ne sont pas en reste. Et elles s’investissent de plus en plus. Cela passe par la gratuité des premiers loyers, le financement de certains travaux de rénovation et de remise en état, etc.
Bars, hôtels, boulangeries, boucheries, mais aussi pharmacies, garages automobiles, centres de loisirs, fleuristes, chambres d’hôtes… La typologie des commerces de villages à reprendre est très variée. « Notre idée c’est de mettre à disposition la force de frappe du journal. Car il y a très peu de choses faites dans ce sens, si l’on enlève le travail de quelques associations » explique Dominique Lagrou Sempere. La journaliste insiste aussi, à travers certains reportages, sur la nécessité de bien prendre en compte la formation des repreneurs, voire relate certains échecs. Car on ne s’improvise pas hôtelier ou boulanger du jour au lendemain. D’où l’intérêt d’éclairer les téléspectateurs – qui sont autant de candidats potentiels- à l’accueil, la comptabilité, etc. Histoire que la reprise ne tourne pas court. « Heureusement, nous observons que les gens opèrent de plus en plus de changements de vie, ou expriment des envies de partir s’installer à la campagne. Pour que cela fonctionne, il faut que chacun y mette du sien » témoigne la journaliste, qui comptabilise plusieurs centaines de commerces de villages repris depuis les débuts de SOS Villages.
Rémy et Sabrina Bertault ont repris le bar hôtel restaurant du Mail, à Luzillé (Indre et Loire, 900 habitants), avec de nombreux projets pour relancer l’activité. Témoignage de Rémy Bertault.
“ Pour moi, après douze ans dans la grande distribution, et après plusieurs emplois différents pour ma femme, avoir notre propre affaire nous tenait à cœur. Nous avions l’idée de nous mettre à notre compte depuis un moment, il fallait avoir un coup de cœur et trouver un endroit avec du potentiel. Quand nous avons repéré le Mail et vu qu’il venait de fermer, j’ai pris rendez-vous à la mairie, car il y avait des choses à faire, à relancer. En février, la fermeture de la seule boulangerie de la ville a eu des répercussions, y compris sur l’épicier qui a fermé fin juin. Nous avons discuté avec la mairie pour installer dans l’hôtel une petite boutique à part et créer un terminal de cuisson. Cela nous permettra de réaliser des ventes additionnelles et de dépanner les habitants, d’attirer du monde. Et en début d’année prochaine, nous allons installer un point poste. Avec cette reprise, notre but, c’est de conserver la clientèle actuelle, et d’en attirer une autre plus jeune. Nous allons relancer des soirées à thème, proposer par exemple la rediffusion de matchs de football. Les anciens propriétaires ne voulaient pas que leur commerce ferme. Et nous le reprenons au même âge qu’eux lorsqu’ils en avaient pris les commandes il y a 31 ans ! ”