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Énergie verte, consommation responsable : les leçons d’Ungersheim, village modèle

Énergie verte, consommation responsable : les leçons d’Ungersheim, village modèle
En faisant de l’écologie au quotidien, ce village écologique alsacien vit déjà au rythme de l’après-pétrole.

Centrale photovoltaïque, chaufferie au bois, agriculture bio, énergie verte, consommation responsable… En faisant de l’écologie au quotidien, ce village écologique alsacien vit déjà au rythme de l’après-pétrole. Quelles sont ses motivations ? Quels sont ses secrets ? On vous dit tout.

Les problèmes sont peut-être mondiaux, mais les solutions, elles, sont locales. À Ungersheim, on en est en tout cas persuadé. Loin des discours défaitistes, ce village d’un peu plus de 2.200 âmes, en Alsace, a décidé d’agir, en faisant de l’écologie au quotidien. Dans le sillage de son maire, élu depuis trente ans, la commune s’est engagée dans le mouvement « Village en transition » afin de devenir le plus possible un village écologique, qui allie énergie verte et consommation responsable.

Le principe ? Organiser l’après-pétrole et lutter contre le réchauffement climatique, rien de moins. Deux combats majeurs, dont on se dit qu’ils ne peuvent être menés que par « en haut », que par les pouvoirs publics. A tort, car c’est au plus près des Français qu’il faut montrer la voie, en faisant de l’écologie au quotidien. Si, seul, on ne peut pas grand-chose, ensemble, on peut en revanche déplacer des montagnes : tel est le leitmotiv de Jean-Claude Mensch, maire de ce village écologique depuis 1989, qui a décidé d’impliquer l’ensemble de ses administrés.

Centrale photovoltaïque, capable de fournir, hors chauffage, l’équivalent de la consommation annuelle de 10.000 habitants, chaufferie au bois, agriculture bio, consommation en circuit court, habitat à énergie passive, isolation thermique des bâtiments, abandon des phytosanitaires, éclairage public via des LEDs, qui permettent une réduction de la consommation de plus de 40%… La liste des initiatives menées est longue comme le bras et fait de ce petit bout d’Alsace l’avant-garde de l’énergie verte. Les bornes de recharge pour véhicules électriques maintenant installées, le maire entend désormais se pencher sur un projet d’un tout autre calibre : installer une unité de méthanisation. De quoi prouver que le biométhane, à l'instar du biopropane disponible maintenant pour tous, est une énergie d’avenir qui a toute sa place dans le mix énergétique. 

Le principe ? Plutôt que de jeter les déchets agricoles ou les productions avariées ou non conformes, il s’agit de les réutiliser pour les transformer en énergie. On les laisse macérer, en milieu clos et à une température d’une quarantaine de degrés, pour que le processus de fermentation puisse s’enclencher. La dégradation des matières organiques produit alors du biogaz, du méthane en l’occurrence, qu’il « suffit » de récupérer.

La résilience comme maître mot

Rénovation thermique, épicerie bio, construction de passerelles pour les piétons et les cyclistes… les projets ne manquent pas. « Ungersheim montre que c’est possible et que chacun, à son échelle, détient sa part d’expertise et de solutions très concrètes à mettre en place », explique Kitty de Bruin, qui s’occupe du site entransition.fr, dont la mission est de fédérer le mouvement de la Transition en France. « Les transitionneurs, comme on les appelle, ne sont pas tous à de tels niveaux de responsabilités, mais il y a une idée forte qui les anime tous : la résilience, comme maître mot, soit une vision positive des choses. Le catastrophisme ? Très peu pour nous ! Si tout le monde pense qu’il n’y a rien à faire, alors la cause est perdue par avance. »

L’idée première a consisté à rassembler tout le monde, pour échanger et discuter des actions les plus urgentes à appliquer. « Il s’agit de faire en sorte que, tous ensemble, nous mettions en place un mode de vie plus respectueux de l’homme et de la nature, moins énergivore et moins émetteur de gaz à effet de serre », résume monsieur le maire dans le fascicule « Ungersheim, Village en transition », en ligne sur le site internet de la commune.

Le principe de la démocratie participative est donc l’un des piliers de ce mouvement de Transition. Lequel trouve son origine en Rob Hopkins. Cet enseignant en permaculture britannique de 51 ans – il est né en 1968 – s’est très tôt interrogé sur le devenir du monde, une fois le fameux pic pétrolier atteint. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) le prédit désormais pour 2025, si l’on en croit un récent article du journal Le Monde. Lui, dès, 2003, partant du postulat que ce moment où la production mondiale en énergie fossile allait forcément baisser un jour, a réfléchi à la meilleure manière de faire… autrement.

Promouvoir les solutions locales

À ses yeux, la réponse était évidente : promouvoir des solutions locales est la clé. Le mouvement pour le Transition écologique est né. « Aujourd’hui, plus de 2000 initiatives de transition sont recensées dans le monde, dans plus de 50 pays », se réjouit Kitty de Bruin. Et France ? « On en dénombre plus de 150 », assène cette retraitée néerlandaise, installée depuis des années à Salies-de-Béarn, dans le département des Pyrénées-Atlantiques, qui se bat pour les promouvoir et les faire connaître.